Le jour des morts-vivants
Ils errent dans notre société, sillonnant rues et bâtiments en nombre de plus en plus conséquent. Au fil des années, leur dangerosité s’est accrue et menace maintenant le monde entier. Se déplaçant la plupart du temps en groupe, ils contaminent par leur seule présence mais également par leurs actes tous ceux qu’ils croisent sur leur route. Qui pourra les arrêter ?
Vous pensez peut-être que c’est le synopsis d’un film d’horreur ? Malheureusement non ! Les morts-vivants existent bel et bien : si leur organisme est toujours bien en vie, ces individus sont cependant morts intellectuellement depuis bien longtemps. A force de ne plus faire fonctionner leur cerveau pour comprendre et réfléchir sur la société qui les entourait, ils ont finalement oublié qu’ils en possédaient un. Le résultat ? Ils ne pensent plus à rien et agissent comme des machines télécommandées par les médias, les politiques, les dirigeants d’entreprise, etc. Ils ne possèdent plus une once d’esprit critique et de clairvoyance pour lutter contre les abus et les dégâts provoqués par notre monde libéralisé.
Pourtant, le pire dans cette situation est de constater que toutes les couches sociales de la société sont touchées par ce phénomène qui semble incurable. Les gens qui osent encore s’exprimer et prendre parti sont de plus en plus rares : penser et parler paraissent devenir des actes ardus et en voie de disparition. Beaucoup de personnes qui, par le passé, utilisaient leurs neurones, ont finalement rejoint la masse des morts-vivants par fatalisme et dépit de la société. Réfléchir demande en effet des efforts mais agir en demande encore davantage : pour la majorité des gens, il est impossible de concrétiser par des actes réels ce qu’elle pense ou imagine.
Intégrer le clan des morts-vivants, c’est mourir sans pouvoir/vouloir réfléchir. Certes la vie est difficile et les expériences sont parfois douloureuses mais c’est ainsi qu’on évolue. On peut être déçu, malheureux ou triste mais il ne faut jamais baisser les bras. Au contraire il faut continuer à lutter. Vivre c’est penser et agir. La vie est belle et agréable. Tout dépend de ce que nous en faisons. Ne devenons pas des morts-vivants endoctrinés par les trois mots « métro », « boulot » et « dodo » ; restons plutôt des biens-vivants qui prennent le temps de penser avant de poser des actes concrets.
Les épreuves de la vie, heureuses et malheureuses, doivent permettre d’ériger en chaque individu un bastion de sagesse et de raison offrant la liberté de penser et d’agir. Quoi qu’il arrive, il ne faut jamais capituler et laisser son existence être gérée par autrui. Chacun doit être l’auteur de son propre livre existentiel : il suffit de le penser, de le vouloir et de l’écrire.
« L’inaction morne de certains individus rebelles à tout effort ne diffère pas sensiblement du repos de la tombe.
Ces morts-vivants n’ont de la vie que l’apparence. »
Gustave Le Bon, extrait de Hier et Demain, 1918
|