Prise de conscience élémentaire
A chaque période ses boucs émissaires. Ainsi, il est désormais de bon ton de critiquer allègrement le train de vie et les dotations de la famille royale belge. Étonnamment, les attaques, relayées affablement par les médias, ne sont pas nées au cœur de la population ouvrière, qui pourtant aurait bien pu se plaindre des largesses pécuniaires accordées à la monarchie, mais bien au sein de la classe politique. Les mêmes politiciens qui, pour nombre d’entre eux, vivent copieusement de leurs émoluments et de leurs multiples fonctions publiques ainsi que privées. Alors qu’ils sont sensés représenter le peuple et subvenir aux besoins les plus primordiaux de ce dernier, beaucoup d’élus dépensent une fortune considérable en voyages à l’étranger et en frais divers mais ne se préoccupent nullement des réalités de leurs concitoyens. Ainsi, il paraît plus important pour eux de dilapider joyeusement des sommes monstres dans de vaines querelles communautaires qu’ils ont eux-mêmes engendrées et qu’ils alimentent à longueur de temps pendant que les électeurs sont étranglés par des conditions de vie de plus en plus difficiles.
Tandis que la population est frappée par une baisse du pouvoir d’achat et d’autres problèmes tout aussi sérieux, nos politiciens veulent s’attaquer aux dotations de la famille royale alors qu’eux-mêmes perçoivent des salaires mirobolants tout en jouissant de nombreux privilèges. La population réclame sans cesse de l’aide pour se nourrir, se loger, se chauffer,… Tout simplement, elle ne demande qu’une chose élémentaire : vivre dans la dignité. Cependant, pour la plupart de nos politiciens, il semble normal de faire la sourde oreille à cette requête et de présenter pour la forme toute une série de coupables potentiels des difficultés actuelles. Mais au lieu de s’en prendre à la famille royale ainsi qu’à d’autres personnes, et même si les critiques sont souvent justifiées, tous les politiciens, sans exception, devraient d’abord ouvrir les yeux sur leur propre existence. Si les politiques critiquent le droit héréditaire dont jouit la famille royale, ils fonctionnent eux-mêmes sur le même canevas : on ne compte plus les enfants de politiciens dans les conseils et les hémicycles ainsi que les relents nauséabonds de népotisme, les faveurs accordées aux amis, etc. Il est tellement facile de critiquer, de discourir dans la presse, de parler à tue-tête sur tout et n’importe quoi mais il est bien plus ardu de montrer l’exemple et d’agir à travers des actes concrets pour le bien de tous.
Dans un monde où l’argent n’est ni plus ni moins que le dirigeant ultime, il est devenu courant pour beaucoup de politiciens de ne plus respecter leurs engagements et leurs concitoyens afin de pouvoir s’enrichir et d’accroître davantage leur train de vie. Il est quand même incroyable de constater que de plus en plus d’individus sont obligés d’occuper deux emplois pour boucler avec peine leurs fins de mois. Une minorité s’enrichit, une majorité s’appauvrit ! Dans quel univers allons-nous donner naissance aux générations futures ? Doit-on craindre que le pire est à venir ? Il est temps que l’être humain soit remis au centre des préoccupations actuelles. De plus en plus de voix s’élèvent un peu partout pour revendiquer l’égalité et le respect de la vie pour chaque individu alors que des manifestations regroupant toutes les classes sociales voient le jour. Pour que l’avenir soit ensoleillé pour tous, c’est dans le présent qu’il faut agir ensemble !
« Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu’à inventer. »
Gaston Berger, extrait de la Phénoménologie du temps et prospective, 1964
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