Depuis plus de trente ans, à la fin du mois de janvier, Artibano, l’homme aux multiples casquettes artistiques – compositeur, chanteur, éditeur et producteur – quitte pour quelques jours ses terres louviéroises pour pénétrer dans un univers de strass et de paillettes sur fond musical et économique : le M.I.D.E.M. (Marché international du disque et de l'édition musicale).

Organisé depuis 1966 à Cannes, en France, le M.I.D.E.M est le plus grand rassemblement international des entreprises travaillant dans le domaine musical. Si, dans un premier temps, le M.I.D.E.M. était considéré comme une réunion d’artistes issus du monde entier, il s’est rapidement transformé en un marché où des hommes d’affaires ne jurent que par l’accroissement de leur chiffre d’affaire et la rentabilité. Des milliers de contrats sont ainsi signés en trois jours et demi de rencontres durant lesquelles les capacités musicales ne sont pas au centre des préoccupations de la majorité des participants mais bien uniquement l’aspect financier. Tout comme dans d’autres domaines artistiques – le cinéma, la littérature, etc. –, l’argent est devenu le maître mot de l’industrie musicale où les plus doués ne sont pas forcément les plus lucratifs et où le formatage des artistes est devenu un mécanisme banal.

Sur place, on peut y rencontrer des doux rêveurs pensant faire fortune d’un coup de baguette magique mais qui tombent dans l’oubli du jour au lendemain, des représentants des grands majors du disque décidant de tout et de rien année après année, des artistes indépendants tentant de faire découvrir leur travail, etc. Le M.I.D.E.M. est donc aussi un gigantesque rassemblement de personnages aux objectifs variés. Néanmoins, ce n’est pas parce que vous êtes musicien que vous pouvez y participer : les seuls musiciens présents sont ceux qui possèdent leur propre entreprise ou ceux qui assurent les nombreux concerts en tout genre servant de promotion pour certaines entreprises. Eh oui, les portes de ce monde merveilleux ne sont pas accessibles à tout le monde…

Arti vit pour le plaisir de la musique et non pas de l’argent. A ses yeux, le M.I.D.E.M. ne doit pas être une immense entreprise économique mais bien un lieu d’ouverture où des artistes provenant du monde entier viennent partager leur art musical et s’imprégner de celui des autres. Depuis des années, il déambule dans les allées du M.I.D.E.M. à la recherche d’individus pensant comme lui et de personnes talentueuses tout en prouvant à ses détracteurs que tout ce qu’il promet se réalise toujours.

« Notre époque ne fait plus de la musique. Elle camoufle par du bruit la solitude des hommes en leur donnant à entendre ce qu’elle croît être de la musique. »

Jacques Attali, extrait de Le Bonheur, la Vie, la Mort, Dieu,.., 1981