Nul n’est plus handicapé que celui qui se croit normal
Dans notre société, un message implicite, véhiculé la plupart du temps par les médias et les publicités, insiste sur l’évidence même que tout le monde doit se conformer à la norme. Ceux qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas rentrer dans la masse des gens dits normaux sont aussitôt marginalisés et rejetés. Les regards et les attitudes que les personnes se prétendant normales adoptent en croisant un individu qui ne rentre pas dans le moule sont souvent moqueurs, cruels ou hypocrites. S’écarter de la norme, être différent, c’est, pour beaucoup de gens, une réalité qu’ils doivent souvent vivre seuls.
Ainsi, les personnes handicapées sont les premières victimes de cette mise en quarantaine quotidienne. Bien souvent, elles doivent affronter des remarques odieuses ou subir les regards persistants d’individus qui, pour se sentir bien et se rassurer, s’acharnent sur elles. Mais pourtant, ces gens qui se prétendent normaux souffrent d’un handicap affligeant : celui d’être dépossédé de cœur, de raison et de sentiments.
Finalement, l’handicap le plus grave ne serait-il pas celui qui ne se voit pas ? Abrités derrière notre « normalité », nous avons tendance à prendre peur et à rejeter ce qui nous semble étranger, différent. Mais la norme en elle-même, si l’on prend le temps d’y réfléchir, n’existe pas car chaque être humain est unique, avec sa propre personnalité et son propre physique. Dès lors, fondamentalement, nous sommes tous différents mais en même temps nous sommes également tous semblables : en effet, quel que soit l’âge, l’apparence ou la couleur de peau par exemple, nous sommes tous des être humains. Ce constat devrait être la seule norme qui devrait prévaloir dans notre société : nous sommes tous égaux !
Il ne faut pas laisser les idées préconçues et les stéréotypes liés à la « normalité » prendre le pas sur le droit à la vie et à la liberté d’exister. Derrière chaque visage se cache un être humain qui pense, éprouve des émotions, etc. N’excluons pas ceux que l’on croit différent de nous ; rejetons plutôt l’exclusion et apprenons à connaître ainsi qu’à respecter autrui.
« Heureux les normaux, ces êtres étranges. Mais qu’ils laissent la place à ceux qui font les mondes et les rêves. »
Roberto Fernandez Retamar, écrivain et poète cubain (1930)
|