Depuis la nuit des temps, il est une habitude purement humaine qui fonctionne avec plus ou moins de succès selon les époques. Ainsi, dans l’Antiquité, les philosophes exprimaient leurs opinions dans le but de mieux comprendre le monde qui les entourait mais également afin de répandre leurs lumières aux Hommes. Evidemment, cela ne plaisait pas à la majorité des personnes possédant le pouvoir et l’influence sur les peuples, forçant les philosophes pleins de sagesse à modérer leurs paroles, à s’exiler au milieu de nulle part ou bien à rendre leur dernier souffle.

Actuellement, en ce début du XXIème siècle, il est consternant de constater que s’il est de plus en plus facile de faire passer un message quelconque grâce aux nombreux outils de communication dont nous disposons, il est cependant bien difficile de voir ses propos compris par la plupart des gens. En effet, face au flux incessant d’informations en tout genre déversé par les médias depuis leur naissance, ces individus, assaillis de toutes parts par des dépêches, parfois indispensables, souvent indigestes, ont vu leur esprit être formaté au point de perdre lentement toute notion de critique et de logique pour observer l’instinct primitif prendre le dessus : survivre à tout prix et par tous les moyens.

Dès lors, les quelques personnes qui tentent, chaque jour, de divulguer leurs avis sur le monde contemporain et ses dérives voient leurs propos être balayés par des vents de désintérêt et d’incompréhension. La réflexion individuelle a été anesthésiée par une société capitaliste où l’argent et la réussite sont les seuls mots d’ordre, quitte à écraser les autres. Chacun se retrouve capitaine de sa propre barque dans un immense océan de solitude. Malheureusement, ce que les êtres humains n’ont toujours pas compris, c’est que tout le monde est embarqué sur le même bateau ; si chacun abandonne le navire, c’est la société entière qui va sombrer, emportant avec elle tous les individus, sans exception.

Le mot « solidarité » dont tout le monde parle n’a actuellement plus aucun sens dans notre monde. Il suffit d’observer les conflits politiques internes à la communauté francophone de Belgique alors que le pays est en crise pour constater que l’intérêt personnel prime sur le bien-être de tout un chacun. Même au sein d’une famille, les coups bas et les masques d’hypocrisie ont tendance à prendre le pas sur les liens du sang. Triste constat…

Quand la raison va-t-elle enfin prendre le dessus sur l’obscurantisme social et humain de notre société ? La vraie définition du terme « solidarité » va-t-elle revoir le jour ? Quand prendrons-nous conscience qu’ensemble, on est plus fort que seul ?

« En dix phrases, les dix commandements expriment l’essentiel de la vie.
Et ces trois mots – liberté, égalité, fraternité – en font autant. »

Krzysztof Kieslowski, réalisateur polonais (27 juin 1941 – 13 mars 1996)