A la naissance, tous les individus se voient attribuer un merveilleux trésor : la liberté d’expression. Celle-ci entraîne ainsi la possibilité de pouvoir penser mais également d’agir librement sur soi tout comme sur le monde. Malheureusement, en fonction des pays et des milieux socioculturels, ces droits élémentaires peuvent soit être mis en valeur, soit complètement broyés. Les personnes qui n’ont généralement pas la possibilité de s’exprimer – les plus démunis, les plus défavorisés, les laissés-pour-compte qui errent sur cette planète comme des spectres – sont celles qui en ont pourtant le plus besoin pour faire part de leurs problèmes et éveiller les esprits assoupis des nantis qui n’observent l’évolution du monde qu’à travers leur regard faussé d’individus privilégiés.

Pourtant, même ceux qui ont la chance de pouvoir s’exprimer librement n’en profitent que très peu, et souvent de manière laborieuse. L’uniformisation de notre société conduit inévitablement à la standardisation des discours et des pensées. Pour les personnes qui osent encore parler librement tout en essayant de mettre en pratique le contenu de leurs paroles, la bataille est rude et souvent perdue d’avance. Au cœur d’un univers capitaliste et libéralisé, le seul langage connu est celui de l’argent : les discours d’une tête pleine au portefeuille dégarni n’ont aucune valeur alors que les paroles d’un écervelé au porte-monnaie bien rempli deviennent le nouvel Evangile. Quel paradoxe consternant… et effrayant !

Parler, c’est facile ; agir, c’est plus difficile ! Mais de nos jours, il devient impossible de faire les deux si on a les poches vides. Sans argent, on ne peut ni parler, ni agir. Dès lors, on ne peut pas non plus être écouté et compris. Se donner la peine de se faire entendre se trouve donc être un travail de longue haleine où il faut savoir s’entourer de personnes fiables et regarder ensemble dans la même direction. Il serait illusoire de croire que nous pouvons nous dorer la pilule tranquillement pendant que l’inégalité humaine engendre un peu plus de misère chaque jour. Nous avons la chance de pouvoir nous exprimer librement alors n’hésitons pas à le faire et agissons ensemble pour résorber le fossé des différences avant qu’il ne soit trop tard.

«  Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent,
hommes et femmes, sont également libres. »

Mikhaïl Bakounine, écrivain et sociologue russe (1814 – 1876)