La folie des grandeurs

Personne ne peut décider de quelle manière un être humain doit gérer son existence, que l’on soit riche ou pauvre. Chacun mène sa barque là où le courant de sa vie l’entraîne, selon ses envies et ses rêves. Vouloir guider sa route, même avec de bonnes intentions, n’est pas un service qui lui est favorable : tout le monde doit apprendre à faire des choix et à assumer ses responsabilités. Si l’aide d’autrui est profitable, l’apprentissage est avant tout un travail que l’on effectue par soi-même.

Malheureusement, dans notre société où l’affirmation de soi est un luxe, la nouvelle coutume veut que les plus nantis socialement et financièrement s’occupent de tous les domaines de la vie des plus démunis. Ces derniers n’ont que très rarement le droit de s’exprimer, et lorsque l’opportunité se présente, aucune oreille ne se tend pour les écouter. La liberté de parler, la principale richesse de ceux qui sont dépouillés de tout, doit se convertir à la loi du silence ; l’argent et le pouvoir sont devenus, aujourd’hui plus que jamais, les principaux outils de communication mondiale. Mais la marche à suivre proposée par ceux qui s’occupent de notre société est-elle à l’écoute de nos besoins et de nos préoccupations ? Sommes-nous devenus apathiques au point de ne plus vouloir agir au lieu de subir ?

Montrer que l’on existe, quel que soit sa place dans le monde, n’est pas une sinécure, c’est un droit élémentaire ! Rien ne peut prédisposer un groupe d’individus à s’imaginer plus apte à diriger que d’autres. On n’estime pas un homme sur son apparence mais bien sur sa personnalité. Qui que l’on soit au fond de soi, on est jugé que sur ses actes. Croire que seule une minorité de nantis peut décider du sort d’un monde peuplé d’une majorité de défavorisés est une triste illusion obscurantiste.

Il vaut mieux petit tout en sachant où l’on va et respectant ce que l’on dit plutôt que d’être grand en ne sachant pas où l’on va et en ne tenant pas ses promesses !

Si chacun prend conscience qu’il est le seul maître de sa destinée, alors la société abordera un visage plus humain et social : la dissolution des inégalités sera alors en marche. Arrêtons de rester passifs : il faut agir plutôt que subir !

«  La foule croit qu’elle sait et comprend tout ; et plus elle est sotte, plus ses horizons lui semblent vastes. »

Anton Tchekhov, extrait de Correspondance (1899 – 1904)






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